Jean Jaurès et Georges Clémenceau : Une opposition toujours aussi moderne
25 Mai 2022
Longtemps, Jean Jaurès et Georges Clémenceau furent alliés. Ensemble, ils eurent le courage de clamer l'innocence du capitaine Alfred Dreyfus. Mais en 1906, alors que la gauche socialiste et radical-socialiste remporte les élections législatives, leurs divergences apparaissent.
Ministre de l'Intérieur, Georges Clémenceau défend "l'individualisme" et le réalisme politique face à Jean Jaurès, député et directeur de l'Humanité, qui prône, lui, une réforme profonde de la société. Nous vous proposons deux passages choisis de ce face-à face :
Clémenceau :
"Je voudrais faire comprendre aux déshérités de tout ordre qu’il n’y a pas d’émancipation véritable pour eux en dehors de celle qui viendra de leurs propres efforts, dans un milieu que l’œuvre des hommes politiques sera de leur rendre de plus en plus favorable. Oui, la République a pour programme d’aider les faibles dans leur lutte contre les forts. Mais la libération des opprimés ne viendra pas seulement d’une école, d’un groupe politique, d’un homme d’État ; ils la devront, avant tout, pour leur dignité, à eux-mêmes."
Jaurès :
"Toute grande réforme, toute grande œuvre, suppose, en même temps que la foi dans l’individu, la transformation du milieu où il doit agir. Votre doctrine de l’individualisme absolu, votre doctrine qui prétend que la réforme sociale est contenue tout entière dans la réforme morale des individus, c’est, laissez-moi vous le dire, la négation de tous les vastes mouvements de progrès qui ont déterminé l’histoire, c’est la négation de la Révolution française elle-même."
L'opposition entre partisans de l'individualisme et partisans du déterminisme et de la réforme sociale semble définitivement être une constante historique.
L'ensemble du face-à face entre Jean Jaurès et Georges Clémenceau est à retrouver sous :